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Le gouvernement enterre l'écotaxe et instaure «un péage de transit»

L'écotaxe, responsable à l'automne de la fronde des bonnets rouges, est morte et enterrée : le gouvernement a décidé de la remplacer au 1er janvier 2015 par un «péage de transit» pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes, limité à 4000 km de routes et qui rapportera moins.

Cet arbitrage ne satisfait cependant ni les bonnets rouges, qui continuent de revendiquer la gratuité de l'ensemble des routes en Bretagne, ni les écologistes, déçus de ce qu'ils considèrent comme un recul du gouvernement sur le financement d'infrastructures de transport.

Pour la mise en œuvre du nouveau dispositif, «il sera fait appel à la société Ecomouv' dont l'infrastructure technique et opérationnelle existe déjà», a précisé le Premier ministre Manuel Valls, ajoutant que l'Etat pourrait entrer au capital de cette société initialement chargée de la collecte de l'écotaxe, afin d'«assurer un meilleur contrôle».

Une source syndicale proche d'Ecomouv' s'est dite «étonnée» de cette déclaration, ne voyant pas en quoi «l'entrée de l'Etat au capital pourrait renforcer le contrôle». Le vice-président d'Ecomouv', Michel Cornil, n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.

Aucune précision n'a été apportée pour l'instant sur le devenir des portiques et bornes écotaxe déjà installés.

Le nouveau péage cible les «itinéraires de grand transit, qui supportent un trafic supérieur à 2500 poids lourds par jour», a confirmé une source proche de Matignon. Soit 4000 km du réseau routier national et de certaines routes départementales, contre 15000 km dans le projet d'écotaxe, qui avait soulevé un mouvement de contestation parti de la Bretagne, obligeant le gouvernement à le suspendre.

La carte correspond ainsi aux grands itinéraires traversant la France sans péage et aux fragments routiers parallèles aux autoroutes à péage, à l'image de la RN10 entre Bordeaux et Poitiers.

Les véhicules et matériels agricoles, ceux dédiés à la collecte du lait, les véhicules forains et de cirque seront exonérés. Pour les autres, qui devront être équipés d'un boîtier GPS calculant le parcours, la tarification se fera avec un taux moyen de 13 centimes d'euro par kilomètre, modulable selon la distance parcourue, le niveau de pollution et le nombre d'essieux.

L'entrée en vigueur de ce système visant à «ne pas pénaliser la petite économie locale et les trajets répétitifs sur une chaîne de valeur ajoutée ou industrielle située dans l'économie locale» se fera après trois mois de rodage.

La Bretagne ne fera partie qu'«à la marge» de ce dispositif: Seul l'axe Saint-Lô - Nantes via Rennes sera concerné.

Le péage de transit rapportera moins que l'écotaxe: la recette brute attendue de la nouvelle redevance serait de l'ordre de 550 à 560 M€ — affectés à l'agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) — contre 800 M€ escomptés annuellement dans la précédente formule.

Issue du Grenelle de l'environnement et initiée sous le mandat de Nicolas Sarkozy, l'écotaxe poids lourds devait être appliquée dès 2011 mais n'a cessé d'être repoussée. L'objectif est de favoriser le report vers le ferroviaire ou le fluvial, ou éviter que des camions ne circulent partiellement vides.

Après avoir suspendu le projet, le gouvernement avait chargé une mission parlementaire de proposer des aménagements du dispositif. Celle-ci préconisait l'instauration d'une franchise kilométrique, allant de 281 à 844 kilomètres par mois selon le type de camion.

Source:Le Parisien

Photo: Les portiques déployés par la société Ecomouv' serviront à collecter les fruits du nouveau «péage de transit». | LP/GILLES CORDILLOT

Tag(s) : #Ecotaxe, #France