Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Immigration, peine de mort, alliés néofascistes… L’histoire cachée des FEMEN (2/3)

Source: Olivier Pechter

Cette deuxième partie est consacrée à la naissance et au développement de FEMEN. Leurs alliances, leurs soutiens, leur positionnement…

Dans un contexte politique ukrainien aussi tendu que confus, les FEMEN se livreront à toutes les alliances et amitiés. Jusqu’à faire héberger leur site internet par un ancien leader skinhead (ci-dessus) ou manifester avec le parti d’extrême-droite Svoboda.

Débuts FEMEN : xénophobie et néo-atlantisme

Quand FEMEN est lancé sur Kiev, au printemps 2008, André Kolomiets ("Andrew Kolomyjec"), un des cadresde Grande Ukraine (mouvement rouge-brun sont issues les FEMEN, cf. première partie) rentre rapidement à son Conseil d’Administration. Il sera l’un des "soutiens financiers les plus constants" des activistes. "Pour s’assurer de leur indépendance", dit-il très sérieusement… ajoutant que le mouvement "n’était jamais tombé dans le racisme". A voire…Mickael Orlyuk, autre cadre du parti, est lui de toutes les manifestations FEMEN.

Un certain nombre de thèses défendues par Grande Ukraine sont reprises à leur compte par les FEMEN. Surl’immigration : la dispense de visas pour les Européens visitant l’Ukraine étant une catastrophe, il faut fermer les frontières. Grande Ukraine dénonce les "centaines de milliers d’immigrants clandestins [qui] nous menacent", FEMEN s’opposant de son côté, grippe aviaire aidant, "à l’entrée des étrangers dans notre pays.". De la xénophobie ? "Peut-être" répond Anna Hutsol. A l’instar de Grande Ukraine, FEMEN est favorable à la peine de mort, pour les "sadiques".

Enfin, il y a les Turcs, avec lesquels Igor Berkut (dirigeant de Grande Ukraine) considère qu’une guerre estinévitable. Les FEMEN de leur côté en ont longtemps fait un ennemi prioritaire, au nom de la lutte contre le tourisme sexuel.

Une des toutes premières action FEMEN s’est d’ailleurs déroulé devant l’ambassade de Turquie.

En 2010, à l’occasion d’un match de foot opposant le Karpaty (Lviv) au Galatasaray (Istanbul) les FEMEN feront une campagne remarquée pour que l’on interdise d’entrée la "horde" des "machos" turcs.

Ce qu’il convient d’appeler de la xénophobie prit même un accent anti-juif. En 2009, les FEMEN avaientaccusé (avant de se rétracter), les juifs orthodoxes faisant un pèlerinage annuel de représenter une menace pour la sécurité des filles ukrainiennes et de mépriser l’Ukraine :

"L’Ukraine est célèbre pour son hospitalité…Mais toute tentative de saper notre culture devrait être combattue…. [Il faut] éviter que les Ukrainiens deviennent otages dans leur propre pays"

Issues de la mouvance communiste, les FEMEN multiplieront bientôt les clins d’œil au camp occidentaliste.

Le manifeste dont elles se dotent évoque ainsi parmi ses objectifs : "construire une image nationale de la féminité, de la maternité et de la beauté basée sur l’expérience du mouvement des femmes euro-atlantique". L’expression "euro-atlantique" est loin d’être neutre dans le contexte ukrainien et appartient aux partisans de l’OTAN et de l’UE. Brouillage de pistes. Et façon de ménager certains sponsors. En 2007, Anna Hutsol fut en effet invitée aux Etats-Unis par un organisme dépendant du Congrès américain, l’Open World Leadership Institute, dont elle est qualifiée d’alumna ("élève").

Par ailleurs, les FEMEN n’ont jamais caché le soutien reçu (jusqu’en 2011) de Jed Sunden , magnat des médias ukrainiens d’origine américaine.

Néofascistes, activistes violents…des alliés encombrants

En 2010, FEMEN élargit son champ d’action. Et après le Parti Communiste et Grande Ukraine fait place à de nouveaux alliés. Nationalistes et franchement ancrés à droite, ils sont solidaires des FEMEN. Au nom de la lutte contre la "dictature" des Ianoukovitch, Poutine et autres Loukachenko (Biélorussie)…Le groupe se coupe définitivement de ses racines idéologiques, renvoyant dos à dos fascisme et communisme et diffusant une propagande antirusse caricaturale.

Voilà les organisations et quelques-unes des personnalités radicales dont se rapprochent alors les FEMEN.

  • La Confraternité de Saint-Luc. Un groupuscule "d’extrême-droite connue pour ses provocations" nous indique le spécialiste Pavel Klymenko, dans un mail. Elle est d’ailleurs connue jusqu’en France, lorsqu’elle a profané un monument en mémoire des combattants soviétiques ayant lutté contre le nazisme. La Confraternité de Saint-Luc est un mouvement identitaire se battant pour une "révolution orthodoxe mondiale" (cf. entretien accordé au média néofasciste molotoff.info). Tout comme le parti dont elle est une émanation, Bratstvo ("Fraternité"), qui diffuse ce genre de propagande sur Facebook. Une amitié surprenante pour celles qui ont drapé leur islamophobie derrière le féminisme et l’athéisme militant.FEMEN cache à peine sa proximité avec ces différents groupuscules. Dans un billet de blog, elles remercient ainsi "les membres de la Coalition orange et du Comité noir pour leur campagne de solidarité".
  • Enfin, sachant que le mouvement FEMEN a officiellement dit son soutien à une alliance politique comprenant le parti d’extrême-droite Svoboda, on sera peu étonné de retrouver, à l’occasion, les "féministes" au coté du dit parti. A un rassemblement contre le régime biélorusse en janvier 2011, par exemple, où une militante ira jusqu’à tenir une affiche de Svoboda.
  • Egalement présent ce jour-là Viktor Sviatski, et l’organisation ultra-nationaliste et paramilitaire UNA-UNSO
Tag(s) : #Dossier FEMEN