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Affaire Copé : 3 raisons pour lesquelles le chef de l'UMP aurait dû démissionner

Publié le 04-03-2014 - Nouvel Obs

"Chasse à l'homme", "manipulations", "cirque", "inquisition", "lynchage"... Voici les termes utilisés par Jean-François Copé dans sa déclaration qui se voulait "solennelle" après les révélations du "Point". Une déclaration bâclée, pondue à la va-vite, qui achève la crédibilité du président de l'UMP, selon notre chroniqueur Philippe Moreau Chevrolet, communicant.

Jean-François Copé. L'itinéraire d'un ambitieux que tout contrarie. Les Français, qui ne l'aiment pas et ont fait de lui l'un des personnages les plus détestés de la Ve République. L'UMP, qui refuse de se livrer à lui, et dont il ne prend la présidence qu'à l'arraché. Ses proches, que "Le Point" accuse en une d'avoir "ruiné l'UMP" et "volé Sarkozy". Tout joue contre lui et chaque jour l'enfonce un peu plus.

Au point que l'on se demande, désormais, si l'UMP va parvenir à survivre à ce qui ressemble à une opération kamikaze de Jean-François Copé.

"Chasse à l'homme", "manipulations", "cirque", "inquisition", "lynchage"... Le président de l'UMP n'a pas eu de mots assez durs lundi pour dénoncer la une du "Point", et les médias en général. Sa conférence de presse, improvisée, en retard, où il est apparu pour lire une déclaration solennelle flanqué des deux drapeaux français et européens, comme un président de la République en exercice, était tout à fait surréaliste.

En réalité, cette intervention posait trois problèmes majeurs.

1. Un problème de format et de timing

D'abord, ni le format ni le timing n'étaient appropriés. Organiser une conférence de presse un lundi matin à 11h30, quand aucun Français ne regarde, pour attaquer la presse, revient à... laisser la presse relayer elle-même ses attaques contre la presse.

Et le temps que le message parvienne aux Français, il a eu le temps d'être accompagné, entouré, déformé par les commentaires de l'ensemble de la classe politique, dont ses adversaires, y compris au sein de son propre camp.

Cette importance du commentaire dans l'information est un art que maîtrise tout à fait Nicolas Sarkozy. Mais il n'est pas le seul.

Quand François Bayrou, par exemple, a voulu manifester son indépendance par rapport au "système" lors de la campagne de 2007, il l'a fait sur le plateau de Claire Chazal. Les yeux dans les yeux et en direct.

Il aurait beaucoup mieux valu que Jean-François Copé fasse la même chose et aille s'expliquer devant les Français, au 20h de TF1 ou de France 2.

2. Mauvais registre de discours

Ensuite, le ton était beaucoup trop agressif pour être entendu. Sauf à être immensément populaire, ou sur un registre "anti-système", à fond comme Jean-Luc Mélenchon ou plus modérément comme François Bayrou dans la campagne de 2007, dénoncer en bloc l'ensemble des médias en les accusant de "lynchage" ne fait que marginaliser davantage celui qui parle.

Les médias prennent alors l'allure de sables mouvants. Plus l'homme politique s'agite, plus il s'enfonce. Jamais, sans doute, Jean-François Copé n'a paru aussi seul que lors de cette conférence de presse.

3. On ne peut pas être transparent "sous conditions"

Enfin, le président de l'UMP a pris le micro pour annoncer des lois qu'il n'a aucun moyen de faire passer et qui sont, pour l'essentiel, déjà en place. Et il promet la transparence, mais à ses propres conditions.

Inaudible sur la forme, le message devient aussi inaudible sur le fond. Soit on est transparent – ou vertueux, ou moral –, soit on ne l'est pas. Mais on ne pas être transparent "sous conditions". Sinon on dégage une impression de malhonnêteté. L'honnêteté est un absolu. Elle ne peut jamais être "relative".

Bien sûr, la stratégie de Jean-François Copé est claire. Il s'agit pour lui de faire oublier sa responsabilité personnelle, ou celle de ses proches, en mettant en avant l'UMP et l'ensemble de la classe politique, qu'il appelle à une "opération transparence". Et dont il se sert, en réalité, comme d'un bouclier.

Si cette stratégie a pu être comparée à celle de François Hollande, qui a exigé la transparence de ses ministres après l'affaire Cahuzac, elle n'a pourtant rien de comparable.

François Hollande est un président en exercice. Il avait les moyens de sa politique. Et son rapport à l'argent était différent aux yeux des Français. En résumé, il avait davantage de crédibilité que Jean-François Copé pour annoncer une opération "mains propres".

Par ailleurs, à défaut d'être glorieux, son message était clair – "j'ai été trompé, on va faire en sorte que cela ne se reproduise plus". Il s'est séparé de Jérôme Cahuzac, certes tardivement, mais sans aucun état d'âme.

Il aurait dû démissionner pour préparer sa défense

Face aux accusations du "Point", la stratégie la plus simple pour Jean-François Copé, et la moins coûteuse pour son camp à la veille des élections municipales, aurait été de se retirer pour préparer sa défense.

Il y aurait eu à la fois du sens politique, de la grandeur et de la responsabilité dans cette décision, qui aurait permis un début de sortie de crise à droite.

Au lieu de cela, Jean-François Copé a choisi la stratégie du pire. Celle de la "terre brûlée". L'UMP y survivra-t-elle ? Le candidat de droite à la l'élection présidentielle de 2017 ne devra-t-il pas créer un nouvel outil pour l'emporter ? C'est l'une des questions posées par l'"affaire" Copé, qui est une bien mauvaise affaire... pour la droite.

Tag(s) : #Copé, #Politique, #UMP, #Actualité, #France