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"Mur des cons" : mise en examen de Françoise Martres, président du Syndicat de la magistrature

Françoise Martres, la présidente du Syndicat de la magistrature (SM), a été mise en examen le 17 février pour « injures publiques » par la doyenne des juges, Sylvia Zimmermann, dans l'affaire du « mur des cons », ce panneau de photos de personnalités affiché dans le local privé de ce syndicat. Françoise Martres est mise en examen en sa qualité présumée d'« éditrice » de l'affichage, indique le communiqué publié sur le site du syndicat.

Dans ce communiqué, le SM réagit à cette mise en examen pour laquelle il estime que les fuites dans la presse ont été « savamment orchestrées ». Le SM dénonce une « manipulation grossière » et un « acharnement [qui] n'a qu'un seul but :museler un syndicat qui les gêne et qui a fait de la défense des libertés publiques un combat » :

« Le SM conteste que cet affichage – qu'il n'a jamais eu l'intention de rendre public – puisse être assimilé à une quelconque publication syndicale. Ce sont les méthodes douteuses d'un journaliste – qui revendique lui-même le vol de ces images ! – et la diffusion par le site Atlantico.fr de cette vidéo filmée à l'insu des occupants de ce local qui sont seules à l'origine de la publicité donnée à ces images ».

Ce « mur des cons » avait été découvert dans les locaux du SM en avril et rendu public par une vidéo tournée en caméra cachée et publiée par Atlantico.fr. Inspiré du « mur du çon » du Canard enchaîné, le panneau d'affichage trônait dans la salle principale du local syndical et était couvert de photos d'hommes politiques (principalement de droite), d'intellectuels et de journalistes mis au pilori par les magistrats. S'y côtoyaient pêle-mêle Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, Patrick Balkany, Nadine Morano ou encore Luc Ferry. Plusieurs patrons de presse et journalistes y étaient également épinglés, comme Etienne Mougeotte, Patrick Le Lay, Yves Thréard ou encore Eric Zemmour mais aussi des personnalités médiatiques comme Jacques Attali et Alain Minc. Facteur aggravant, certaines photos se voyaient surmontées d'un autocollant du Front national, comme Brice Hortefeux, qui se voyait infligé de la mention « L'homme de Vichy ».

TOLLÉ POLITIQUE

Cette « liste noire » avait provoqué une vague d'indignation à droite comme à gauche. Christian Jacob, le chef du groupe UMP à l'Assemblée, avait immédiatement demandé au président de la République de saisir, par le biais du ministère de la justice, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Jean-François Copé avait également réclamé à la ministre de la justice l'ouverture d'uneenquête. Faisant part de sa « consternation », Christiane Taubira avait effectivement saisi le CSM fin avril. De son côté, Jean-Luc Mélenchon s'était ajouté au débat en prenant la défense du SM au nom de la « liberté d'expression ».

Le SM s'était alors défendu qu'un « local syndical privé » n'avait pas à être rendu public.

LE JOURNALISTE AUTEUR DE LA VIDÉO MIS À PIED

En juin, le journaliste de France 3 Clément Weill-Raynal, auteur des images filmées, avait été mis à pied par France Télévisions pour une durée de sept jours, la direction lui reprochant d'avoir manqué de « loyauté » et « de ne pas l'avoirinformée » qu'il était l'auteur. Une pétition de soutien au journaliste avait pourtant rassemblé quelque 10 000 signataires, dont celles de nombreuses personnalités de droite.

Après la diffusion des images par Atlantico.fr, Clément Weill-Raynal avait convaincu France 3 de les utiliser et de les commenter lui-même dans le journal télévisé, dissimulant, avant d'avouer, que c'était lui qui les avait captées et transmises à des tiers. « En vertu de la loi sur la protection des sources des journalistes, je n'avais pas à informer ma direction que j'étais l'auteur des images », avait alors assuré l'intéressé.

En août, Christiane Taubira avait ensuite estimé qu'il n'était pas possible de« déterminer des responsabilités personnelles », et donc de demander des sanctions dans cette affaire. Elle répondait alors à une question écrite du sénateur UMP Alain Houpert, qui lui avait demandé en mai si elle envisageait de « prendre de réelles sanctions ».

Article sur LE MONDE

Tag(s) : #Justice, #Politique, #Magistrature, #Ripoublique