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BHL, la philosophie au napalm
Soumis à un « questionnaire de Proust du pauvre » par le quotidien Suisse « Le Matin », Bernard-Henri Lévy dévoile certains aspects méconnus de sa personnalité, notamment une mémoire très sélective. Le philosophe n'a aucun souvenir de son premier amour (la classe !), et d'une manière générale n'aime pas trop se retourner sur le passé. On le comprend, compte tenu de l'étendue des dégâts causés par ses prises de position.

Il eut été dommage de priver le public français de la dernière interview accordée par l’« essayiste, romancier, philosophie, réalisateur, dramaturge » BHL au quotidien suisse Le Matin. Une sorte de « questionnaire de Proust du pauvre » dans lequel Bernard-Henri Lévy est à son meilleur. Quoi de plus normal, Bernard-Henri est invité à parler de lui, de sa vie, son œuvre. Et dans ce domaine, il excelle.

Sur sa vie justement, on y découvre un BHL volontiers amnésique, incapable de se souvenir de son premier amour (elle appréciera…). On notera que le BHL « néocon » favorable à toutes les projections armées a tout autant la mémoire sélective. Pas un mot de son action en Libye. C’est que depuis trois mois, le pays, en plein chaos, a changé trois fois de premier ministre (six fois depuis la chute de Kadhafi) et le nouvel homme fort des élections à venir pourrait bien être Abdelhakim Bel Haj, une ancienne cible prioritaire de la CIA pour son passé de djihadiste.

C'est que BHL est à la philosophie ce que le napalm est à l’armement : une bombe incendiaire qui détruit les écosystèmes et interdit tout retour sur la zone détruite. Bref, notre homme, parce qu'il voit loin, parce qu'il se concentre sur demain, n'est pas très intéressé par l'idée de revenir sur le passé. Pas plus que ne l'intéressent les questions d’argent. Le temps lointain où il gagnait 25 dollars par mois au Bangladesh est révolu. Aujourd’hui, le philosophe peut se payer le luxe de ne pas savoir précisément combien il gagne et dépenser son précieux temps à parler de lui, au présent évidemment. Extraits choisis de ce long, savoureux et très modeste entretien à retrouver dans son intégralité sur le site du Matin.

Bernard-Henri Lévy, qui êtes-vous?

Un sartrien conséquent. C’est-à-dire quelqu’un qui est tout entier dans ce qu’il fait. Je veux dire, dans ce qu’il fait en ce moment même. Peu de souvenirs. Pas de nostalgie. Pas de définition de moi-même.

Vous faisiez, dans un article paru en 2004 dans le Nouvel Obs, le parallèle entre « Lévy » et « les vies ». Celles, parallèles que vous menez, parce que vous êtes multiple.
Oui, parallèles et successives. Je crois que l’idéal en ce monde, est de naître plusieurs fois dans une même vie. Je crois cela profondément

Votre tout premier souvenir?

Je n’ai guère de souvenirs d’enfance. C’est comme une préhistoire et une préhistoire sans archives. C’est cela mon enfance.

L’amour pour la première fois. C’était quand et avec qui?

Sans blaguer, je l’ai oublié.

Elle ne va pas être contente…

Un mélange de visages, de situations. Je ne sais plus…

Avez-vous déjà volé?

Oui.

Vous souvenez-vous du moment, de ce que c’était?

Adolescent, oui. Une petite chose. Mais je n’en parlerai pas. Pour ne pas donner de mauvais exemple à mes enfants.

Avez-vous déjà tué?

Par la plume, peut-être. En tout cas, j’ai essayé.

Si vous aviez le permis de tuer quelqu’un, qui serait-ce?

Je ne le ferais pas. Une fois, je me suis trouvé dans cette situation. C’était pendant la guerre de Bosnie. J’étais avec des combattants bosniaques dans une tranchée. Soudain, dans la tranchée d’en face est apparue une tête. Mon voisin m’a, sans faire de bruit, passé son fusil. J’ai vu dans la lunette le moindre détail du grain de la peau de cet homme, qui avait peut-être le matin même, ou la veille, snipé un enfant innocent et que j’avais donc à ma merci. Mais je n’ai pas tiré. Au grand dam de mes amis d’alors, qui n’ont, à ce jour, toujours pas compris.

Avez-vous payé pour l’amour?

Pas depuis un demi-siècle.

Avez-vous déjà menti à la personne qui partage votre vie?

Forcément.

Combien gagnez-vous par an?

J’ai la chance de ne pas le savoir précisément.

Qui sont vos vrais amis?

Je suis trop paranoïaque pour les nommer.

Que souhaitez-vous à vos pires ennemis?

De ne plus me nuire. Comprenne qui pourra, comprenne qui voudra.

Vous qui dormez quelques heures seulement, ronflez-vous la nuit?

(Rires) Je ne crois pas.

Qui aimeriez-vous voir répondre à ce questionnaire?
Marcel Proust.

Source: Marianne.net

Tag(s) : #BHL